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Le coin du petit spécialiste


La véritable histoire de La petite sirène, selon Hans Christian Andersen

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Nombreux sont ceux qui ont vu étant petits - ou même étant plus vieux - le fameux film des studios Disney, La petite sirène. Comme la plupart des Disney, il s'agit d'une adaptation d'un conte, ici de Hans Christian Andersen, aussi auteur de La Reine de Neiges. Et, comme la plupart des Disney, il s'agit d'une libre adaptation qui n'est pas toujours en accord avec le texte original. C'est pourquoi nous dévoilons aujourd'hui sous vos yeux ébahis, la véritable histoire de Ariel la petite sirène. 

 

Commençons par le commencement, avec l'identité de notre héroïne, Ariel de son petit nom dans l'adaptation cinématographique. Dans le conte originel, elle n'a pas de nom. Elle est simplement qualifiée comme La petite sirène. Une chose la distingue des autres sirènes et tritons (hommes à queue de poisson), les huîtres attachées à sa queue lors de ses 15 ans. En effet, dans le royaume de la mer selon Andersen, les membres de la famille royales portent des huîtres sur leur queue, de six à huit selon le rang et douze pour la reine mère. 

Alors que Disney offre un personnage curieux du monde et en constante évasion, Andersen peint une jeune sirène certes curieuse des hommes mais peu aventureuse. Dans son royaume, elle est solitaire et ne suit jamais ses sœurs dans la découverte d'épaves. Elle découvre le monde en temps voulu, lors de ses quinze ans, comme le veut la tradition. Et, c'est seulement le besoin de voir le prince - qui n'a lui non plus pas de nom - qui la fait remonter à la surface régulièrement. 

Le prince, lui, est donc bien présent, et, comme le film le montre, est sauvé par l'héroïne. Mais pas seulement par elle. Contrairement à la croyance populaire inculquée par le studio américain, une autre jeune fille entre en jeu dans cette histoire de naufrage. Ainsi, lorsque la petite sirène sauve le prince des eaux, elle le laisse sur une plage et à partir de ce moment là, une jeune fille élevée dans le couvent du coin prend la relève. Cette dernière entre en compte plus loin. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs ! 

 

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Une fois son prince sain et sauf, la petite sirène s'éprend de lui comme nous le savons. Mais son amour et tout de même accompagné d'un intérêt un peu plus superficiel. Elle espère en effet obtenir une âme éternelle et découvrir le paradis des hommes que les sirènes ne peuvent s'offrir puisque à leur mort elle se change en écume. Pour cela il lui faut épouser un humain, le prince en l’occurrence. Elle se rend donc chez la sorcière des mers, Ursula pour les intimes, afin de demander des jambes qui donnent plus de sex appeal chez le humains qu'une queue de poisson ruisselante. 

Pour le personnage de la sorcière des mers, Disney est resté fidèle à la description du conte, tant quand à ce qui touche à son habitat que sur ce qui touche à son physique. Les polypes (les sortes d"algues qui se lamentent) sont donc bien présents et la sorcière est aussi dégoûtante que la représentation qu'en a fait Disney. De même, elle accepte de donner des jambes à la petite sirène en échange de sa voix. Des divergences apparaissent cependant sur ce point. La potion offerte par la sorcière n'a pas de "date de péremption", l'héroïne peut donc conserver ses jambes pour toujours si elle est épousée, jusqu'à sa mort et transformation en écume si le prince en épouse une autre. Cette potion, pourtant, a des effets négatifs, notamment parce qu'elle est très douloureuse. Les jambes de la petite sirène (qui ne sera plus une sirène) la feront souffrir pour toujours. Enfin lorsque la sorcière demande sa voix, il ne s'agit pas d'une entité brillante, mais véritablement de la langue de la jeune sirène. 

 

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Voilà donc notre pauvre Ariel sans langue, avec des jambes qui lui font mal, qui débarque toute nue sur les marches du château du prince qui donnent immédiatement sur la mer. Contrairement à la représentation cinématographique, elle ne se comporte pas comme une demeurée mal éduquée et ne se coiffe donc pas les cheveux avec une fourchette. Au contraire, elle s’intègre très bien à la cour et devient la favorite de son prince chéri. Mais le cœur de ce dernier appartient à une autre : celle qui l'a sauvé alors qu'il était étendu, presque mort, sur le sable. Il se trouve justement que par un hasard qui n'en est pas un, cette sauveteuse terrestre n'est autre que sa promise depuis qu'il est enfant. Les deux jeunes gens se rencontrent, s'aiment et prononcent les vœux qui les lieront pour l'éternité, laissant la pauvre petite sirène triste, seule, et à la veille de sa mort. 

Alors que les deux mariés se "reposent" dans la tente plantée à leur attention sur le pont du bateau (très logique de camper sur un navire), les sœurs de la petite sirène arrivent, les cheveux coupés, qu'elles ont vendus à la sorcière des mer pour que leur sœur redeviennent une sirène. Le remède tient dans un couteau qu'il faut planter dans le cœur du prince afin que son sang coule sur ses jambes qui redeviendront une queue. Notre héroïne entre donc dans la tente où les deux amants dorment après s'être "reposé", dans l'intention d'assassiner le vil prince qui l'a largué. Mais, trop gentille, elle abandonne et se transforme, une fois le matin venu, en une goutte d'écume volante qui obtiendra son âme éternelle dans 300 ans. 

C'est bon, vos rêves sont brisés ? 

 

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19/06/2014
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Dreamworks versus Disney : le choc des titans

En terme de dessins-animés, deux studios s'imposent d'eux-mêmes : Disney (qui est aujourd'hui couplé avec Pixar) et Dreamworks. Chacun produit des œuvres diamétralement opposées. Quelles sont les particularités de chaque studio et lequel des deux à le plus de mérite ? C'est ce que nous allons tenter d'élucider ici. 

 

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Humour et références

Nous l'avons dit, Dreamworks et Disney offrent chacun des oeuvres diamétralement opposées. Alors que l'un propose des comédies loufoques telles que Shrek, l'autre se porte particulièrement sur l'adaptation de nos vieux contes. L'un désire faire rire tandis que l'autre ne pense qu'à assimiler ses films à de la magie. Pourtant, Disney a aussi l'intention de faire rire. A moindre mesure cependant. Le studio joue plus sur un humour simplet tenant principalement dans le comique de geste, on pense par exemple à Bambi qui fait ses premiers pas dans la forêt accompagné de Panpan et de son inquiétant trouble obsessionnel compulsif. Disney use d'un humour qui fait rire d'abord les enfants. Dreamworks, de son côté sait allier un humour d'enfant avec du comique qui s'adressera plus aux adolescents voire aux parents. Il va notamment créer des personnages plutôt inhabituels et qui ont rarement leur place au sein des dessins-animés tels que la méchante belle-sœur dans Shrek qui est un transexuel. Il va aussi faire des références à Disney et à bien d'autres choses (dans Shrek 2, Versace devient par exemple Versachery, un magasin de matériel de tir à l'arc), en prenant soin de tourner tout cela en dérision, toujours avec talent. Dreamworks, par son envie de faire rire avant tout, n'a donc pas peur de choquer les sentiments de l'américain de base, contrairement à Disney qui entend préserver à tout prix l'innocence de son public. Preuve en est des adaptations parfois douteuses que le studio offre des contes de Pérault, Andersen ou encore des frères Grimm qui, admettons le, sont considérablement trash. Disney a une fâcheuse tendance à aplanir les situations et les messages des contes originaux. Et on en arrive à se second point des scénari.

 

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Scenari et personnages

Contrairement à son challenger, Dreamworks crée ses histoires. Cette création pure (ou presque) permet de donner vie à des personnages nouveaux, au caractère plus marqué. L'absence d'influence extérieure de l'ampleur des contes, permet une plus grande liberté et une plus grande diversité. Ainsi, Kung Fu Panda raconte l'histoire certes principalement d'un panda, mais aussi de tous ses acolytes qui sont plus développés que les animaux de compagnie, même parlants, des princesses Disney. Shrek aussi (qui va décidément devenir notre référence pour cet article) regorge de personnages atypiques, intéressants, drôles et qui au fil des quatre films sont devenus de véritables icônes que l'on s'amuse à citer (ne me dites pas que vous n'avez jamais reproduit Tit Biscuit ou l’Âne, je ne vous croirai pas). 

Les héros Dreamworks sont aussi plus humains parce que très imparfaits, que ce soit dans les graphismes où dans l'apparence physique qu'on leur donne. Le jeune héros de Dragons est ainsi amputé de sa jambe sans aucun scrupule. 

Disney, de son côté, pense et dessine toujours dans une idée de perfection parce que la perfection c'est la magie. Et dans un sens ce n'est pas faux, il faut une parfaite maîtrise lorsqu'on est magicien. Les œuvres sont ainsi travaillées à l’extrême à tel point que le tournage de Blanche-Neige dure trois ans ou encore que le son de Fantasia est traité de telle sorte qu'on ait l’acoustique d'une salle de concert (cela a d'ailleurs débouché sur le procédé Fantasound). Du coup, tout est beau, les princes, les princesses, les décors et les chansons sans lesquelles les films ne seraient pas ce qu'ils sont. Les histoires aussi, sont belles, mais hélas plates. Le héros ou l'héroïne, se sent mal dans sa peau jusqu'à ce qu'il découvre le véritable amour, qui est généralement la seule personne rencontrée en dehors du cercle strictement familial. Le schéma narratif se répète encore et encore : d'abord Blanche-Neige et Prince Charmant, puis Cendrillon et son Prince, Ariel et Eric, Belle avec la bête, Bambi et Féline, etc. Malgré cela, on se lasse rarement. Chaque film est tellement travaillé, tellement unique qu'on ne peut s'empêcher de les voir un par un même si ils nous disent souvent la même chose : nos rêves se réalisent toujours. Oui, Dreamworks, même si c'est ça marque de fabrique, n'a pas cette esthétique qu'on aime tellement chez le papa de Mickey Mouse. 

 

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L'art de la suite

Comme tous bons studios américains qui se respectent, Dreamworks et Disney ont compris qu'il fallait presser le citron jusqu'au dernier pépin. Dans cette optique ils ont compris l'importance des suites. Et là encore, l'écart se creuse. 

Disney, dans son idée de se baser sur des oeuvre littéraires perd l'avantage dans la fabrication de suites qui tiennent la route. Les livres pour enfants s'arrêtent généralement à "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", ce qui ne demande pas d'explication plus précise ou plus profonde. Cela est ancré dans la conscience collective, cette phrase finale marque la fin des problèmes des protagonistes et le début d'une succession infinie de bonheurs. 

Mais chez Disney, on a la tête dure. Alors les suites, elles arrivent, qu'elles soient ou non justifiées (elles sont toujours justifiée quand on en vient au profit). Voilà que Cendrillon fait ses premiers pas de princesse, puis qu'elle se voit faire un retour dans le temps; que Ariel se retrouve maman d'une gamine aussi intenable qu'elle à son âge; que Lady et le Clochard ont un chiot; j'en passe et des meilleures. Bref, les personnages se retrouvent encore dans la galère alors même qu'on leur avait annoncé une paix éternelle. Mais les scénaristes ne se lassent jamais d'inventer des sœurs, des nouveaux méchants, de nouvelles intrigues dont finalement on se passerait bien. Car finalement, cette continuation ne fait que briser la magie des tout premiers films, parce que de un, on a l'impression de tourner en rond, et de deux parce que l'esthétique change, notamment lorsque les suites ont 60 d'écarts avec leurs prédécesseurs comme c'est le cas pour Bambi sortie en 1942 et Bambi 2 sorti en 2006. 

 

Chez Dreamworks par contre, on a la suite dans le sang. Comme pour tout, cela tient encore dans la création des histoires de toutes pièces. Le studio réalise des œuvres qui sont des entités bien dissociables les unes de autres. Les suites mettent donc en scène les mêmes personnages mais le premier volet a été si bien bouclé que cela permet une histoire tout à fait nouvelle et qui pourtant continue l'épopée des protagonistes. D'autant plus que ces derniers sont tous bien particuliers, bien neufs, bien uniques - contrairement aux princesses Disney qui finalement se ressemblent - qui ne donne pas lieu au "ils vécurent heureux et blablabla" si dérangeant. Dreamworks a ainsi réussi à donner à Shrek trois suites dont les deux premières se tiennent magistralement bien, parce qu'elles se détachent bien des autres films de la "saga". On trouve la même chose avec Kung Fu Panda et espérons le avec Dragons. 

 

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Décidément, nous avons là, avec Dreamworks et Disney, un combat de choc opposant deux styles  très différents. Mais finalement, nous pouvons dire que dans l'ensemble Disney s'accorde plus à un public d'enfants tandis que de son côté Dreamworks entend toucher une audience plus âgée, elle-même imprégnée de Disney (on n’apprécie Shrek jusqu'au bout que quand on a une culture Disney), qui est à même de comprendre des références moins voilées et certes moins subtiles mais beaucoup plus drôles. Cependant, enfant comme adulte, Walt nous émerveille toujours un peu que ce soit par les histoires pour les plus petits, que par les chansons pour tout le public, que par l'esthétique pour les plus grands et les plus amateurs de cinéma. Si nous devions départager, nous le ferions sur le message envoyé. Si Dreamworks n'est pas très critique, Disney ,lui, donne des idées sur la vie qui laissent à désirer et que l'on doit éviter de voir s'ancrer dans les consciences. 

Le score : 

Dreamworks : 1   

Disney : 0,9

 

Pour finir 

La bande-annonce de Dragons 2 pour les amateurs : 

 

Un extrait de La Belle au bois dormant, avec musique inspirée de Tchaikovski s'il-vous-plait et esthétique tirée des gravures du Moyen-Age et d'Audrey Hepburn pour l’héroïne : 

 


03/06/2014
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Comprendre le suspens selon Hitchcock

On entend souvent parler d'Hitchcock comme du  Maître du suspens. Cela peut paraître légèrement surfait, et il semble alors intéressant de voir ensemble ce qu'est le suspens à la sauce Alfred Hitchcock, et finalement ce qu'est le suspens tout cour puisqu'il en est l'un des théoriciens et des grands inventeurs. 

 

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Avant toute chose, séparons deux choses : suspens et horreur. L'un génère de l'angoisse tandis que l'autre génère de la peur voire de la terreur si il est correctement utilisé. Le suspens se retrouve majoritairement dans des thrillers bien qu'aussi dans des films d'horreurs afin de faire monter la pression. La terreur se retrouve dans les films d'épouvante. Ces émotions bien distinctes sont passées au travers de procédés différents. Pour ce qui est du suspens nous allons y venir. Mais débarrassons nous dès à présent de la question des films d'horreurs et donc de la peur. Deux procédés sont particulièrement efficace pour effrayer le spectateur. Il y a tout d'abord le Jump Scare qui consiste à créer une tension palpable à l'écran avant de la relâcher soudainement par un événement fulgurant, qu'il soit effrayant en lui-même ou non. Le spectateur réceptif devrait normalement sauter d'effroi de son siège, d'où le terme Jump scare. Cet effet perd cependant de son efficacité au fur et à mesure qu'il est réutilisé dans de nombreuses œuvres. Un spectateur habitué saura donc les reconnaître et éviter leurs effets. Le second procédé est de mettre mal à l'aise le spectateur en lui montrant des choses inhabituelles, glauques, gores et j'en passe. Cela créera un sentiment de malaise générant lui-même un sentiment de peur voire plus selon la sensibilité du spectateur qui doit bien sur être prise en compte. 

 

Nous en arrivons maintenant au suspens et donc aux thrillers, grande spécialité d'Alfred Hitchcock. Le suspens nous l'avons dit est question de stress ou d'angoisse, l'un étant moins fort que l'autre. Voilà ce que veut Hitchcock comme ressenti pour ses spectateurs. Son moyen de créer ce sentiment se résume dans cette théorie : faites une scène avec deux hommes discutant dans un bar. Vous avez deux solutions. La première c'est de faire exploser à un moment opportun une bombe. La seconde c'est de montrer la bombe aux spectateurs mais pas aux deux personnages. C'est simple. La première scène est un cas de Jump scare appliqué au thriller. La seconde est un cas de suspens hitchcockien comme on en fait plus. Le sentiment d'angoisse du spectateur, ici, se base sur son sentiment d'impuissance. En effet, il sait qu'une bombe va exploser mais ne peut pas prévenir les personnages puisque ceux-ci sont immatériels et inexistants au-delà de l'oeuvre. Grâce à cette technique, on peut faire durer l'angoisse sur une longue période de temps. Le meilleur exemple de cela dans l'oeuvre d'Hitchcock est la scène du Royal Albert Hall de la seconde version cinématographique de L'homme qui en savait trop. Résumons la scène : nous savons qu'un homme d'état va être assassiner par un tueur à gage lors d'un concert (mené d'ailleurs par Bernard Hermann, le compositeur hitchcockien par excellence), et nous savons à quel moment exact le coup de feu fatal va être tiré. Mais voilà que Hitch pousse le vice jusqu'au bout ! En effet, le personnage principal tenu par Doris Day est aussi au courant du meurtre qui se prépare. Seulement, elle ne sait pas à quel moment le coup va être tirer. Le spectateur et le personnage ont donc des informations qui se recoupent et qui pourraient sauver la future victime. Le spectateur et le personnage se trouvent dans une position d'impuissance totale faisant monter la tension à son paroxysme, tension d'autant plus renforcée qu'elle s'étend sur huit minutes.

 

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Cependant, le sentiment d'impuissance peut se maintenir au niveau du personnage uniquement. C'est ainsi que la scène de Rear Window dans laquelle le meurtrier se rend chez le héros est tout aussi angoissante que celle que nous avons décrit plus haut. Le héros, cloué dans un fauteuil roulant à cause d'une jambe cassée, habitant au second étage, doit trouver un moyen d'échapper au meurtrier qui arrive chez lui. Dans sa situation, il se trouve totalement impuissant sachant qu'il ne peut ni fuir ni se cacher. L'angoisse augmente au fur et à mesure que les pas du "méchant" se rapprochent et que le personnage cherche une solution pour se tirer du pétrin dans lequel il se trouve. 

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Cette scène illustre encore un autre procédé très utilisé par Hitchcock : le silence. Contrairement à ce que l'on peut penser et à ce que nous montrent des films plus récents, le suspens ne tient pas forcément dans des notes dissonantes ou stridentes (Les dents de la mer par exemple). L'atout du silence est qu'il est réel, encré dans la réalité. Tandis que la musique est un échappatoire émotionnel, le silence ne permet aucune bouée de sauvetage. Le spectateur doit alors faire face à ses émotions - ici son angoisse - ce qui donne à la scène un effet plus vif. C'est le cas pour Rear Window comme pour The birds et Psychose. "Comment ?!" vous étranglez vous, "l'angoisse dans Psychose tient dans les fameuses notes de la scène de la douche !" criez-vous encore ! Que nenni vous dis-je ! Les notes stridentes de cette célébrissime scène amènent un Jump Scare qui prend effet lorsque Norman Bates (ceci est un spoiler, désolée) ouvre le rideau. Le début de la séquence, lorsque Janet Leigh se douche, lorsque l'on aperçoit la silhouette effrayante et le couteau qu'elle tient, est rythmée par un superbe silence. Silence dans lequel nous hurlons à l’héroïne qu'elle va se faire tuer dans un magnifique mélange d'angoisse impuissante et silencieuse. 

 

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Vous êtes maintenant à la page. Le suspens hitchcockien tient dans l'impuissance et dans l'utilisation de la musique et du silence - car nous l'avons vu avec L'homme qui en savait trop, la musique a aussi son effet. Vous allez pouvoir vous la jouer à la cinémathèque française !


27/05/2014
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Alfred Hitchcock

Il semble, quand l'on parle d'Alfred Hitchcock, qu'il n'y ait même pas besoin d'ajouter quelque chose après avoir cité son nom parce que ce dernier est devenu si célèbre qu'il parle de lui même. C'est ainsi, qu'on pensera immédiatement au "maître du suspens", ou encore à celui qui a "tout inventé". Mais il serait temps, pour ceux qui le connaissent moins, ou pas du tout, ou qui désirent en savoir plus, de parler de ce gros anglais à la bouille sympathique et  de connaitre sa vie. 

 

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 Alfred Hitchcock voit le jour le 13 août 1899 à Londres. Ses parents sont grossistes en volailles, fruits et légumes. C'est d'ailleurs ce fait qui l'influencera pour créer le personnage de Frenzy. Le petit Alfred est un enfant sage, que sont père adore. Pourtant, c'est lui qui lui cause un de ses plus grands traumatismes. Alors que l'enfant n'a que 5 ans, il l'envoie voir le shériff du coin pour qu'il l'enferme en cellule pour une dizaine de minutes. Le garçon se retrouve donc en garde à vue pour un laps de temps certes court mais qui le marquera à vie. Après cela, et pendant le reste de sa vie, Hitchcock développe une réelle phobie envers la police. Cela se ressent dans ses films dans lesquels les figures policières se trouvent aussi égratignées que les figures de médecins dans les pièces de Molière. 

Le jeune Alfred est ensuite élevé dans l'école jésuite de St-Ignatus où il a peu d'amis et de laquelle il sort avec de mauvaises expériences. En effet, les professeurs pratiquent sans compter les châtiments corporels. Il quitte St-Ignatus à la mort de son père en 1914 pour étudier dans une école d'ingénierie de laquelle il sort diplômé. Il est ensuite embauché au département publicité d'une société de télégraphie. C'est dans cette société qu'il commence à exprimer son potentiel quand à ce qui touche aux images mais aussi à l'écriture. Il publie en effet des nouvelles dans le journal de la société. Une des plus fameuses est "Gaz hilarant" (voir ici : https://cinebox.blog4ever.com/gaz-hilarant). 

 

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Quand fait-il son entrée dans le cinéma ? En 1920, dans une toute jeune compagnie américaine basée en Angleterre. Ayant développé des qualités graphiques indéniables, il est embauché pour faire les intertitres qu'il sera chargé d'orner. Il monte ensuite les échelons jusqu'à devenir assistant réalisateur. Finalement, en 1925, on lui donne l'opportunité de tourner un film : The Pleasure Garden. Le tournage se déroule en Allemagne et est semé d’embûches. De l'actrice indisposée au manque de pellicules en passant par un contrôle de police effrayant pour le réalisateur, le film se révèle être un véritable parcours du combattant. D'autant plus qu'il passe à la trappe, de même que son suivant, The mountain eagle dont aucune copie ne demeure à ce jour. The Pleasure Garden permet cependant à Hitchcock de rencontrer ou plutôt de se rapprocher de Alma Reville qui deviendra sa femme et sa plus proche collaboratrice jusqu'à sa mort. 

 

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Le succès frappe à la porte avec un premier thriller très inspiré de l'histoire de Jack l'Eventreur : The Lodger ou Les cheveux d'or. Hitchcock y fait montre d'un certain talent et de beaucoup d'imagination en mettant au point un plafond de verre permettant de filmer le protagoniste faisant les cent pas dans sa chambre. 

Les thrillers à succès s’enchaînent ensuite avec pour exemples Murder (Meurtre, 1930), The skin game (1931) ou encore Blackmail ( Chantage, 1929) - les trois ayant d'ailleurs été réédités dans un coffret exclusif il y a peu.

 

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Il est finalement remarqué par le grand David O'Selznick qui a notamment découvert Ingrid Bergman qui, avec Grace Kelly, sera une de ses muses et une de ses plus proches amies, d'autant qu'ils partageront une même lutte contre l'emprise de Selznick sur leurs carrières. Son dernier film britannique est La taverne de la Jamaïque et son premier film américain est Rebecca qui pourtant "est basé sur un roman britannique, joué par des acteurs britanniques et réalisé par un britannique". Il retrouve Joan Fontaine (qui jouait dans Rebecca) pour Soupçons qui est nominé pour de nombreux oscars et pour lequel Fontaine est sacrée meilleure actrice. 

 

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En 1945, il tourne le premier des trois films qui les réunissent lui et Bergman : La maison du Docteur Edwardes. Toujours aussi haletant, son style est rehaussé d'un touche de Dali lors d'un scène de rêve devenue mythique. L'année suivante, il retrouve son amie dans Les enchaînés qui marque aussi sa réunion avec Cary Grant. Dans ce film, le réalisateur toujours prêt à enfreindre les règles, brise le code Hayes - qui interdit les baisers de plus de 3 secondes, les étreintes lascives et les suggestions sexuelles - en tournant la scène de baiser la plus longue de l'histoire du cinéma. C'est en 1939 qu'il tourne sont dernier film avec Bergman (qui part ensuite pour l'Europe pour s'installer avec Roberto Rossellini) : Les amants du capricorne, qui se révèle être autant un échec artistique que commercial. Entre temps il a aussi tourné La Corde, aujourd'hui considéré comme un de ses plus grands films et qui pourtant ne conquiert pas le cœur du public. Composé de deux plans séquences uniquement, La Corde se révèle trop lent, trop statique et peut-être trop théâtrale pour le public américain. L'oeuvre marque cependant le début de la collaboration d'Hitchcock avec James Stewart, qui sera aussi un de ses grands amis et que le réalisateur adore pour son naturel et sa taille incroyable sur laquelle il jouera d'ailleurs beaucoup par la suite notamment dans L'Homme qui en savait trop (dans sa seconde version) leur troisième collaboration. 

En 1954, une nouvelle muse entre dans sa vie, Grace Kelly. Il tourne trois films avec elle avant qu'elle aussi parte vers l'Europe pour devenir princesse de Monaco. Restent alors seulement ses deux acteurs fétiches Stewart et Grant. Leurs collaborations s’achèveront respectivement avec Sueurs froides en 1958 et La mort aux trousses en 1959. 

 

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Les années 1960 sont un tournant dans sa carrière puisqu'elles voient naître Psychose et Les oiseaux deux de ses plus grands succès. Psychose est entourée d'une effervescence médiatique incroyable et représente un réel coup de poker pour celui qui est devenu le maître du suspens puisqu'il produit lui-même ce film d'inspiration plutôt glauque dont personne ne veut. Il fini aussi de s'amuser de la censure en osant filmer un scène de nu. Les oiseaux, de leur côté, traumatisent leur génération et les suivantes. 

 

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Après ces deux films haletants et géniaux pour bien des raisons, Hitchcock faiblit. Ses films sont réalisés plus vite, avec moins d'attention et en général avec des acteurs que le réalisateur n'a pas choisi et n'a pas voulu. Son dernier film est Complot de famille en 1976. 

Alfred Hitchcock, qui avait mis en scène 53 film en une cinquantaine d'années (ce qui est beaucoup pour un réalisateur !) meurt le 29 avril 1980 en Californie. 

Il marque encore aujourd'hui le cinéma par son style unique et les innovations qu'il a apporté. Hitchcock ne s'impose pas comme l'un des plus grands pour rien. Il a en effet développé bien des théories sur la psychologie du public de cinéma ce qui lui a permis de mettre au point les meilleures tactiques pour créer l'angoisse et la fascination. Mais nous y reviendrons !

 

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05/05/2014
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Disney-Pixar se Rebelle !

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Synopsis : Mérida Dun Broch, fille du roi d'Ecosse, Fergus Dun Broch, ne rêve que de liberté, d'arcs et de flèches. Ayant atteint ses 16 ans, ses parents décident de la marier selon la tradition du royaume. Totalement opposée à cela, la jeune-fille se rebelle et fais un choix qui met en danger tout le royaume. 

 

Un peu comme Mérida déchire sa robe de princesse pour mieux pouvoir tirer à l'arc, les studios Disney-Pixar ont décidé de briser les codes qui font les "classiques" des studios pour mieux atteindre un public en contact constant avec le féminisme. Pour Rebelle, pas question de faire un mariage, de trouver un prince et encore moins d'accepter ses devoirs. Non, Mérida est une archère intrépide et a bien l'intention de le rester. Mais Rebelle ne tient pas seulement son nom de ce fait, non, l'oeuvre est rebelle dans sa totalité. Explications. 

 

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Alors que toutes les princesses Disney (les 10 "officielles" qui ont précédés Mérida) sont toutes fines, ne rêvent que de belles robes et ont toutes des cheveux parfaits, la jeune écossaise refuse les corsets (qui donnent pourtant deux tailles de bonnet de plus !), ne porte que sa robe d'archère et a des cheveux roux et.... rebelles ! Elle est aussi très agile, très douée à l'épée et à l'arc, contrairement à ses camarades qui n'ont généralement aucune qualification guerrière (à part Mulan qui cependant n'est pas une guerrière née). Enfin, son esthétique est beaucoup plus grossière. Il y a peu de détail sur ses vêtements ou sur son visage. 

Ces traits grossiers ne sont d'ailleurs pas uniquement attaché à Mérida. Tous les personnages ont un côté imparfait, quelque chose qui ne colle pas avec l'image des Disney : Elinor a des mèches grises (alors qu'elle n'est pas méchante), Fergus a une jambe de bois, les prétendants sont tous laids. Ils sont d'ailleurs grossiers dans leur attitude, de plus, puisqu'ils se battent constamment, rotent, pètent, et se baladent à poil (parents catholiques rangez vos enfants !)

Les décors aussi sont beaucoup moins travaillés que dans les derniers films d'animation (à différencier du dessin-animé) tels que Raiponce ou La Reine des neiges. Le château des Dun Broch est sombre, sobre, très simples et possède un mobilier réduit. De même, les paysages restent sommaires avec une forêt et quelques falaises. 

 

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En terme de schéma narratif, Rebelle diffère également. On assiste tout d'abord pas à la mort des parents de l'héroine. Ensuite, pas de prince à l'horizon, Mérida est une femme indépendante jusqu'au bout (alors que Jasmine par exemple fini avec Aladdin) et est aussi un peu trop jeune pour le mariage (dans le conte elle a 16 ans, ce qui semble concorder dans le film). Enfin, il ne s'agit pas tant pour l'héroine de trouver le bonheur mais aussi d'améliorer sa relation avec Elinor, sa mère. En effet, Mérida est une parfaite adolescente, en constante rébellion (logique moustique) contre ses parents. Au bout du compte, il sera finalement question de faire comprendre à sa mère que les traditions doivent parfois changer, et lui faire découvrir sa vision de la vie. 

 

Rebelle est donc un film rebelle (désolée pour le jeu de mot pourri, j'accepte toutes les réclamations liées à cela), tiré d'un conte moderne (écrit dans les années 2000), réalisé pour la première fois par une femme dans les studios Pixar, tourné en écossais et non pas en américain, et n'ayant pas la forme d'une comédie musicale. Pour cela, Rebelle reste l'un des meilleurs Disney modernes et montre la nécessité à ce grand studio de changer son style pour toucher un public aux idées et à l'éducation bien différentes. 

 

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10/04/2014
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