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La Belle et la Bête en trois versions cinématographiques

La Belle et la Bête est revenu cette année sur les écrans dans une toute nouvelle adaptation avec Léa Seydoux et Vincent Cassel dans les rôles principaux. Bien sur, le conte n'avait jamais quitté la tête des amoureux de Disney, ni celle des amateurs de Jean Cocteau. C'est pourquoi je vous propose aujourd'hui de comparer ensemble ces trois œuvres liées par le même sujet et pourtant bien différentes.

 Nous avons donc en mains trois versions, celle de Jean Cocteau datée de 1946, celle de Disney, bien évidemment, sortie en salles en 1991, et la toute dernière de Christophe Gans en 2014. 

 

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Chacune des trois oeuves est très particulière et offre peu de ressemblances avec les autres. Jean Cocteau, le premier instigateur d'une adaptation cinématographique du conte, opte pour un film métaphorique, surréaliste et empreint de la poésie qui pave le chemin de sa vie. Disney, toujours dans une volonté d'atteindre un public jeune avec de la poussière de fée, offre une romance à l'eau de rose (c'est le cas de le dire !), pleine de références à la très glamour France. Quand on en arrive à Christophe Gans, la définition se floutent. Optant pour une ouverture du conte hors du couple principal seul, il densifie l'histoire et les personnages en leur écrivant un passé et en tissant de nouvelles intriges. Gans, malgré cette prise de liberté assez américaine, aime se référer à ses deux prédécesseurs. Ainsi, on découvre des plans "volés" à Cocteau et des idées profondément Disney telles que l'insertion des chiens de chasses transformés en personnages d'Animal Crossing. Cette américanisation, plus profonde que celle effectuée par Disney, entraîne des plans et des histoires un peu trop rocambolesques pour la simplicité de La Belle et la Bête qui tient majoritairement sur l'histoire d'un couple et un seul, en faisant peu appel aux personnages secondaires à savoir la famille de Belle. L'ajout d'un vilain et de sa poule voyante empoisonnée par une philosophie de vie empruntée à Cendrillon, Ariel et Blanche-Neige, ainsi que celle d'une frère joueur, paraît considérablement superflu. On ne peut en revanche rien soustraire à la qualité esthétique du film qui même si elle fait quelque peu débauche de moyens est travaillée et en accord avec l'univers magique entourant le personnage de la Bête. Le couple Seydoux/Cassel, assemblage de douceur et de violence et union de deux acteurs dotés d'un certain physique, est très efficace. Le couple marche aussi admirablement bien chez Cocteau, avec un Jean Marais plein de théâtralité comme toujours et une Josette Day aussi guindée qu'elle est perdue et éprise du monstre. L'esthétique est aussi au rendez-vous avec le poète qui, comme le fera son successeur Gans, met en place un univers très riche en accompagnement de sa bête, beaucoup plus sauvage que toutes les autres d'ailleurs, faisant sortir des bras des murs et des tables ou de la fumée de statues. Tout comme Gans offre à sa bête un passé pour imager son humanité, Cocteau en fait un noble, un gentleman n'ayant de monstrueux que le visage. Il va ainsi avec déférence demander à sa Belle : "Cela ne vous dérange pas que je boive en vos mains". Cocteau crée ainsi un film-poème pour la vue comme pour l'ouïe. Cependant, certains peuvent reprocher au réalisateur un manque d'approfondissement du côté de Belle, qui se défini par une paysanne simple et aimante.

 

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C'est ainsi qu'on en arrive à Disney, qui finalement détient la moins bonne place dans cette étude comparative. Si le film reste travaillé, principalement en termes de décors et de musique, on peut regretter des personnages caricaturaux, simplifiés au maximum et un réel vide quant à la profondeur de la Bête qui est en lui-même le personnage fort dans les deux autres films. De plus, cette version à la tare d'être seconde de la lignée, après Cocteau premier à tenter l'expérience, avec talent, et avant Gans qui a eu la bonne idée de s'inspirer de ceux qui passèrent avant lui afin d'atteindre le public par le biais de la conscience collective tout en offrant à l'oeuvre une vie nouvelle. Chez Disney, on ne s'embarrasse généralement pas des idées des autres, surtout si les autres ne sont pas des ricains, et cela peut-être fatal. 

Cependant, malgré leurs qualités divergentes, les œuvres restent ancrées dans les consciences de façon notable et doivent rester des entités distinctes. Si je devais faire un choix, au final, je me porterai tout de même plus sur la première et la dernière version, plus riches et mieux tournées dans tous les sens du terme. 

 

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10/09/2014
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